Le Prieuré de Saint-Quirin, construit au début du XIIe siècle sous l’égide de l’abbaye bénédictine de Marmoutier devient, grâce aux reliques du saint martyr, transportées un siècle plus tôt depuis Rome, un haut lieu de pèlerinage. Les forêts immenses qui l’entourent sont à l’origine de la création des premières verreries. Au début du XVIIIe siècle, le Prieuré et l’église priorale sont reconstruits et les bénédictins relancent l’industrie verrière qui devient florissante.

En 1669, Colbert, ministre de Louis XIV, avait promulgué l’Ordonnance générale des Eaux et Forêts qui instaure des règles précises pour l’exploitation et la conservation des forêts royales mais aussi ecclésiastiques désormais soumises à un contrôle des officiers du Roi. Ainsi en 1754, Jean Antoine, géomètre et arpenteur général de département de Metz procède à l’arpentage et à l’abornement du Prieuré de Saint-Quirin. Les anciennes bornes ont été conservées lorsqu’elles étaient en bon état, d’autres ont été plantées à un emplacement précis, défini en concertation avec les seigneuries voisines. 

En 2001, les bénévoles du Club vosgien de Saint-Quirin ont entrepris de retrouver les bornes de l’ancien Prieuré. Le procès-verbal d’abornement très détaillé du XVIIIe siècle ainsi que les témoignages des forestiers et des usagers de la forêt, leur ont permis de les remettre en place le long du chemin délimitant le périmètre du Prieuré. Les 166 bornes en grès portent, du côté de Saint-Quirin, le blason du Prieuré (à neuf besans d’or), et sur la face opposée, les armoiries de leurs voisins : les baronnies de Lorquin et de Turquestein (la croix de Lorraine), de l’Abbaye de Haute-Seille (la crosse d’évêque) et du comté de Dabo (trois aigrettes).

Ce témoignage de l’histoire de Saint-Quirin et de nos forêts constitue un patrimoine inestimable qu’il convient de protéger et de respecter.

D. Heckenbenner ARAPS